jeudi 4 juillet 2013

Mary's Colors: La Vierge-Folle Frédérique Volot

Mary's Colors: La Vierge-Folle Frédérique Volot:   Dans ce milieu du XIXème, Paris souhaite se débarrasser de ses quartiers lépreux où le soleil ne pénètre jamais même dans la jour...

lundi 3 juin 2013

La Vierge-Folle (éd. Presses de la Cité)

J'ai le grand plaisir d'annoncer la sortie de mon nouveau roman :

 
 
 
Quatrième de couverture :
 
 
Critiques :
 
Coup de coeur magistral pour le roman de Frédérique Volot, La Vierge-Folle, qui raconte l'histoire d'une femme battue à mort et défigurée au vitriol. Pour quelle raison a-t-on voulu ainsi humilier cette femme jusque dans la mort ? C'est en suivant le bel Achille et Baise-la-Mort à travers le Paris du Second Empire que le lecteur pourra élucider le mystère de celle que l'on surnommait la Vierge-Folle...
Dans le parc Monceau, qui doit être inauguré le 13 août 1861, on s'active. Jusqu'au jour où des jardiniers découvrent le cadavre d'une femme atrocemnet mutilée. Dans sa main, un mot adressé à l'Empereur... S'agit-il d'un complot ? L'enquête est confiée à Achille Bonnefond, proche de l'Empereur et fin limier des affaires criminelles de Paris. Avec l'aide de Baise-la-Mort, un ancien voleur reconverti en chiffonnier qui manie l'argot comme personne, ils fouillent les bas-fonds parisiens à la recherche de l'identité de cette femme sans visage. Ils apprendront que celle que l'on surnommait la Vierge-Folle était tireuse de cartes et cachait un passé bien mystérieux... Au cours de son enquête, Achille se prend d'amitié pour son piteux comparse. Il découvre le monde incroyable des chiffonniers, leurs mœurs, leurs conditions de vie, la cité de la Femme-en-Culotte et bien d'autres choses encore. Il en restera à jamais marqué...
Outre l'intrigue criminelle, c'est une belle reconstitution de la capitale sous le Second Empire que nous présente l'auteure. On y découvre les grands travaux d'urbanisation menés à bien par Napoléon III et le baron Hausmann. Grâce à un formidable travail de documentation, de recherche historique et linguistique, Frédérique Volot permet au lecteur de se projeter aisément dans le Paris de l'époque. Les scènes sont visuelles, l’atmosphère pleine de bruit et de poussière. L'effervescence des travaux hausmanniens est particulièrement bien rendue. On s'y croirait !
"Achille avait quitté sans regret la rue Saint-André-des-Arts pour s'installer dans un immense appartement à l'angle du boulevard des Capucines et de la rue de la Paix. Il y bénéficiait d'une vue imprenable sur la future place de l'Opéra dont les travaux de terrassement avaient commencé, sur la frénésie parisienne, les affaires qui s'y négociaient, les passions qui y naissaient, les drames qui s'y tramaient, l'ennui qui s'y traînait."
"Les yeux mis-clos, il écoutait le tumulte de la rue : hennissements des chevaux, jappement des chiens, pas de femmes, d'hommes qui arpentaient les trottoirs, se croisaient, s'ignoraient souvent, se frôlaient, se souriaient peu, échangeaient un regard, caressaient parfois un espoir."
Dans ce Paris en pleine mutation, la bourgeoisie des nouveaux riches tient le haut du pavé. Chantiers en cours, soirées mondaines, prospérité affichée et mariages d'argent, tel est l'univers que l'auteure restitue de manière très documentée. Si l'on se doute que c'est là l'ambiance qui devait probablement régner dans la bonne société, on comprend aussi que la population pauvre, vivant des les bas-fonds et incluant bon nombre de miséreux, profite, quant à elle, beaucoup moins du progrès ! Exclus des grands travaux visant surtout à assainir les quartiers défavorisés et à enrichir les notables, les pauvres se concentrent alors dans les quartiers laissés de côté par les rénovations. Cette forme de "zonage" de la capitale contribue donc nettement à la rupture de son équilibre social, ce que Frédérique Volot illustre tout à fait dans son roman. A proximité des quartiers rénovés et du chic des nouveaux boulevards hausmanniens, les coupe-gorge et taudis crasseux de l'est parisien rassemblent une faune d'une tout autre espèce ! Les portraits que l'auteure dresse des chiffonniers sont à la fois répugnants et effrayants ! Sales, puants et malnutris, ils vivent dans des conditions d'hygiène déplorables, s'adonnent à la boisson et à la prostitution. Le contraste avec les soirées glorieuses de la bourgeoisie est saisissant ! C'est un voyage dans le passé doublé d'une très intéressante étude sociologique qui nous est offert grâce à cette enquête.
La Vierge-Folle est un récit captivant, tout en contrastes qui mêle habilement enquête et histoire. Il séduira les amateurs d'histoire et emmènera le lecteur à la découverte d'un Paris insoupçonné, celui des chiffonniers, où chaque jour qui passe est un jour gagné sur la mort. Une belle chronique sur le Paris en construction de la fin du XIXe siècle, un formidable témoignage d'une époque oubliée... 
(Posté le 31 mai par ingridfasquelle sur son blog Histoire du Soir : http://histoiredusoir.canalblog.com)


vendredi 9 septembre 2011

Les hommes enlèvent le bas ! Ils les laissent pendouiller !!!

Rien à voir avec la littérature quoique... J'adhère totalement à cette initiative. Lorsque j'ai su comment étaient traités les porcelets, j'ai écrit en 2007 une nouvelle qui m'a valu un prix national ! J'ajoute que depuis bien des années, je suis végétarienne car je ne supporte plus les traitement infligés aux animaux dans les fermes et élevages en batterie. Une véritable honte ! Et aucun de nos politiques ne s'y intéresse : pas électoral, pas assez noble comme sujet ! Et pourtant, c'est bien du respect de la vie dont il s'agit !

Voici ma nouvelle...
"A chacun son tour !

Paysan ! Comme son père. Comme son grand-père. Dans la famille de Jean, seule la terre compte. Cette terre que l’on prend à pleine main, que l’on sent à plein nez, que l’on sait sienne !

Jean est marié à Lysiane. Trente ans déjà. Pas d’enfants dans leur vie. Elle, pour compenser, s’accroche avec dévouement aux enfants des autres, à la crèche municipale.
Chaque fin d’après-midi, elle rentre à la ferme en traînant les pieds. Et pour cause ! Dès la porte franchie, elle pend à son cou un tablier râpé, balaie, frotte, lave, épluche, prépare le dîner, pour eux deux, et le déjeuner du lendemain, pour lui seul. Elle le fait par habitude, par obligation peut-être. Peut-être Dieu l’a-t-il voulu ainsi !
Son visage, jadis frais, beau, radieux, est désormais creusé par la lassitude et la résignation.

Huit heures moins le quart. Il est en retard. Comme d’habitude, elle attend en grignotant un quignon de pain, les yeux sur les jeux télé d’avant vingt heures.
La porte claque.
Il arrive, s’attable, mastique quelques vagues commentaires sur des actualités noires. Lysiane observe son œil brillant, son air faux et mielleux. Elle sait qu’il ne vient pas de ses champs mais de chez l’autre ! Celle de la rue d’en haut ! Chaque soir ou presque, il va se soulager dans son ventre ! Le sien, à elle, est sec depuis longtemps. Ni sexe, ni caresses, ni baisers, ni mots tendres, ni compliments, ni cadeaux… rien ! Elle ne reçoit que mensonges et indifférence.
Des larmes perlent à ses paupières. La colère rentrée lui noue la gorge. Elle repousse son assiette. Se vider la tête ! Penser à autre chose ! Vite ! Aux enfants ! Ses enfants qu’elle verra demain, touchera, aimera… Mais demain, c’est déjà vendredi, suivi de deux jours d’un interminable manque.
Jean boit un dernier verre. Il monte se coucher.
Toujours affublée de son tablier râpé, Lysiane lave, range, nettoie puis s’installe dans son voltaire, plonge dans Gala. Tout oublier… enfin ! Elle rêve. Pour un moment, pour un moment seulement. Elle est une autre… elle a retrouvé ses vingt ans !


L’aube pointe. Les merles sifflent.
Jean arpente la campagne. Faire, chaque jour, le tour du propriétaire lui procure un réel sentiment de bien-être. Là, il se sent fort, puissant, indestructible ! Ces terres, ces forêts, ces ruisseaux, ces collines sont à lui ! A lui seul ! Il en est fier !
Il aspire goulûment la bise porteuse des grands froids d’hiver. Qu’importe ! Qu’ils viennent ces grands froids ! Grâce à un nouvel engrais, ses terres ont donné plus qu’il n’espérait ! Comblé ! Mais ne le dit pas ! Ne le montre pas ! Jamais ! Comme l’an dernier, comme avant, comme toujours, comme son père et feu son grand-père, il se plaindra.
Mais il est temps de s’occuper des bêtes.

Près de deux cents l’attendent. Une poignée de vaches et, surtout, des cochons. Des cochons de rente. Bon rapport, peu de soins. L’idéal ! Les truies sont bonnes génitrices. En les y forçant, elles portent plusieurs fois par an pendant trois ou quatre ans, puis elles partent pour l’abattoir.
Des sentiments dans tout ça ? Certainement pas ! Pas le temps ! Il faut du ren-de-ment !

Et puis, ce ne sont que des animaux ! Le consommateur ? Veut pas voir ou alors… de temps en temps… au hasard d’un reportage télévisé ! Les politiques ? S’en foutent ! Pas électoral !

Dans les stalles-prisons, les truies s’agitent. Elles mordent rageusement les barreaux de fer. Plus loin, derrière la rangée de bagnardes, des enclos où d’autres truies viennent de mettre bas. Celles-là, libres de leurs mouvements, peuvent fourrer leur groin dans la litière, la retourner, s’y étaler pattes écartées pour offrir leurs mamelles aux petits.
Suprême privilège ? Illusion ! Le bonheur est dans le pré, pas dans la porcherie !

Si les nouvelles mères sont dans un box avec leurs jeunes, elles n’ont pas davantage de place, encore moins de paille ! Dans les cages encore plus étroites que leurs stalles d’élevage, elles étouffent, s’évanouissent parfois. Manque d’air, stress permanent, membres atrophiés… Rien ne leur est épargné.
Quant aux porcelets, on les empoignera bientôt pour les jeter ailleurs et les engraisser à l’ombre !

Ce matin, Jean n’est pas là pour les séparer. Flanqué de son commis, une grande asperge à peine déflorée, il longe l’allée centrale, se dirige cers un des enclos, tire de sa poche des gants de latex, remonte jusqu’aux épaules les fermetures blanches de sa nouvelle salopette bleue.
Le travail peut commencer !

Les truies grognent. Les petits jouent, s’approchent, veulent sentir l’homme… Alors l’asperge se casse en deux, saisit un porcelet par les pattes arrières, le soulève, le retourne, le présente.
Coupe-ongles et pince en mains, le patron est prêt.

Et il taille, à vif ! Et il tranche, à vif ! Sans sourciller ! Les testicules tombent. Le petit couine ! Mais Jean n’entend rien, ne voit rien, pas même le sang qui coule et tache sa salopette neuve.
Le porcelet gueule. Furieuses, les truies s’agitent, bousculent les cloisons. Jean fait un signe. L’asperge laisse tomber l’animal, l’écarte d’un coup de pied. Sans ménagement.

Au suivant ! Au suivant !

Des cris. Encore et toujours. Jean est sourd. Il ne pense qu’à la femme qu’il retrouvera bientôt. L’autre. Ce soir. Comme chaque soir, ou presque, il la dévêtira, la prendra, se videra.
Son regard s’éclaire. Vite ! Que la journée passe !
Et la journée passe.

Pendant que les porcelets finissent de geindre, épuisés, pendant que Jean finit de décharger sa semence dans le ventre de l’autre, Lysiane rogne un quignon de pain devant la télé.


- Tu parles d’une journée ! J’ai castré tous les cochons ! J’en ai la gueule farcie !

Il vient de rentrer. Impassible, Lysiane, malgré ces mots qui la dégoûtent, lui rappellent l’horreur des plaintes et l’odeur du sang chaud. Chasser ces images ! Le regard des enfants, leurs sourires, leur innocence… la paix ! Dans deux jours trop longs, elle sera avec eux. Enfin !

Dernière bouchée. Jean monte se coucher. Elle l’entend qui s’affale comme une masse sur le lit. Il s’endort aussitôt.

Le caillebotis de l’enclos lui meurtrit les genoux, les mollets, les mains. Pour la première fois, Jean se sent mal dans la porcherie. Il voudrait se relever, se tenir debout… Impossible ! Il se tourne, se retourne, s’examine… jambes, lombaires. Lumbago ? N’identifie aucune douleur connue !
Il relève la tête. Sursaute. Seul ! Stalles vides ! Pas une truie ! Pas un porcelet ! Rien… ni personne.

Soudain, la porte claque contre le mur. Jean virevolte, cligne des yeux. La lumière lui fait mal. Dans l’allée, des ombres, des groins, des oreilles pointées. En tête du cortège, tête haute, Josepha, la vénérable truie ! Puis les autres ! Toutes les autres qui marchent vers lui, droites, d’un pas ferme !
Jean veut se redresser, renvoyer les bestioles à leurs stalles… Il retombe dans ses excréments. Les truies éclatent de rire ! Jusqu’aux porcelets, qui, blottis derrière leurs mères, osent des pieds de nez en chantant : « Ça va être ton tour ! Ça va être ton tour ! »
Jean hurle. Josépha le défie du regard. Il se tait. Alors, lentement, la vénérable truie déroule un antique parchemin – vieil héritage familial – , ajuste ses lunettes, se racle la gorge, lit :

- Charte Universelle des Droits des Animaux… article 1 : Tous les animaux…

Jean grogne, rugit, bave. Josepha en est à l’acte d’accusation.

- Viol répété et aggravé des droits fondamentaux des truies à disposer d’elles-mêmes, de procréer sans contraintes, dans un milieu naturel, sain, spacieux et sans cruautés.

Jean s’étrangle.

- Plaidez-vous coupable ou non coupable ?

Jean explose, veut s’expliquer mais aucun son ne sort de sa gorge ! Articule enfin :

- C’est pas ma faute ! C’est à l’école que…

Josépha le coupe, répète :

- On ne vous demande pas de vous trouver des excuses ! Coupable ou non coupable ? Répondez !

Silence.

- Le jury va donc délibérer.

Dans l’assistance, la rumeur gonfle, des voix s’élèvent et réclament un châtiment exemplaire. Les truies les plus âgées s’écartent pour délibérer. Dressé sur ses quatre pattes, Jean n’en peut plus. Il menace, promet l’abattage immédiat à celles qui ne rentreront pas illico dans le rang. Devenus plus audacieux, les petits s’alignent devant lui, dévoilent leur postérieur blessé. La tension est extrême.

- Ah ça ira, ça ira, ça ira !

Jean grelotte. Déjà entendu ça quelque part… Il va parler, implorer, supplier…

- Silence !

Groins fermés, traits et regards figés, les vieilles sont revenues. Toutes les truies et leurs petits se rassemblent autour de Josepha. Jean tremble. La vénérable truie entre dans l’enclos. Il recule. Elle avance. Il est dos au mur. Elle brandit un énorme sécateur ! Jean va défaillir. Une dizaine de truies l’encerclent, le ceinturent, le terrassent, mettent en lambeaux la salopette bleue à fermetures blanches.

- A chacun son tour ! A chacun son tour ! chantent les porcelets.

Jean tente une ultime riposte, pleure, implore toujours. Murmures dans l’assistance :

- Y  fait moins l’fier tout à coup… maintenant que la v’là de l’autre côté de la barrière !

Pour éprouver le tranchant de l’outil, Josepha entaille, d’un geste sec, le bâton qui les a si souvent frappées. Le copeau vole. Le fil du sécateur est parfait ! Elle s’accroupit. Terrorisé, l’homme-cochon claque des dents, sue, promet, jure, implore la grâce, prie tous les saints de la terre et d’ailleurs, appelle sa mère ! Alors, Josépha force les postérieurs à s’écarter, saisit le membre mou, le soulève, dégage délicatement les deux testicules. Pas d’état d’âme. Elle coupe.
Clac !

Hurlement ! Douleur atroce qui vrille les entrailles. D’instinct, Jean porte les mains à son bas ventre ruisselant ! Affolé, il cherche la lumière, trouve la poire de la lampe qui bascule puis roule sur le plancher, la retrouve, la presse. Horreur ! Au-dessus de lui, Lysiane ! Le diable ! Lysiane, échevelée, à demi-nue, un sécateur dans une main, les attributs ensanglantés de l’homme dans l’autre. Elle ricane ! Ses yeux étincellent ! Ce soir, et toujours, désormais, c’est elle la plus forte ! Transfigurée ! Belle !
Lysiane devient soudain sombre. Se tait. Ultime défi. Elle brandit les chairs molles et sanguinolentes, les présente tour à tour à la terre et au ciel puis les jette à la tête de son mari recroquevillé sur le lit.

- Tiens, l’homme ! A chacun son tour !

Bonne lecture !

vendredi 29 juillet 2011

Dédicace samedi 30 juillet 2011 à la librairie Le Neuf à Saint-Dié-des-Vosges

Je serai en dédicace ce samedi 30 à la librairie Le Neuf à partir de 14h30 pour "Le rucher du père Voirnot", en compagnie de Gilles Laporte qui viendra avec sa "Fontaine de Gérémoy" et les autres, et de Pierre Didier, un grand, très grand peintre qui dédicacera lui aussi un petit livre rouge qui lui est consacré. Une belle occasion d'en connaître plus sur la vie de cet homme qui cultive le talent et la discrétion.
A demain donc !

vendredi 22 juillet 2011

Revue de presse : Nancy Mag - juillet-août 2011 : L'abbé et ses abeilles

"Une histoire dont le héros est prêtre et... apiculteur passionné. C'est le pari original (et gagné) imaginé par Frédérique Volot pour son premier roman inspiré de la vie de l'abbé Jean-Baptiste Voirnot, inventeur de la ruche "cubique", toujours en usage aujourd'hui. Le récit emmène le lecteur dans une petite communauté rurale de la fin du XIXè siècle, près de Pont-à-Mousson, et ménage de fréquentes échappées vers le Nancy de la IIIè République où partisans et adversaires de l'Eglise s'affrontent. Ambiance d'époque garantie."
Le rucher du père Voirnot, éditions Presses de la Cité, 19€